S’il te plait, dessine-moi un auteur : Malayalam

Affiche de Bluewritter

Affiche de Bluewritter

iPagination et iPaginablog, deux sites en connexion étroite, puisque animés par les mêmes équipes, dans un même esprit et pour une même passion de l’écriture.

Écrire … qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça vient ? Pourquoi ? Quand ? Où ? ….

Sur iPaginablog, nous avons invité les auteurs d’iPagination à nous dévoiler un peu de leur intimité de plume.

Cette semaine, c’est Malayalam qui nous invite à la suivre dans sa maison d’écriture… 

crayonsComment j’écris ?

 

Vous, mots chéris jetés au feu, venez chez moi

Je vous attends, je vous reçois et vous accueille

Solennellement et devant tous, je lève le deuil

Qui vous accable, j’honore vos vies avec émoi

Installez-vous, je vous en prie,

Faites comme chez vous,

Je m’occupe de tout !

 

C’est d’une double injonction, je crois, qu’est née mon écriture : « Tais-toi » et « Parle ! ».

Toutes deux tellement puissantes et tellement simultanées qu’elles se sont ancrées en moi rendant la parole effrayante et le silence plombé.

Avec beaucoup d’intuition et de sagesse pour une si petite fille, je trouvais pour échapper à la cruelle double demande, un autre couple incantatoire : « Ecoute » et « Lis ». Je fis du premier terme un métier, du second une passion. L’un nourrissant l’autre et l’autre nourrissant l’un.

Les deux ordonnant quelque chose en moi qui cherchait à se dire autrement. Des mots s’échappaient  sur du papier, des lettres s’écrivaient, des dessins se construisaient, des peintures se peignaient, des livres s’accumulaient, dans un espace où la parole rejoignait le silence sans que d’aucuns n’en prennent ombrage.

Ecouter, quand on s’y prend jeune, amène beaucoup de grains au moulin. Il faut du temps et l’aide du meunier pour obtenir cette douce farine dont on peut faire des gâteaux digestes et alléchants.

Mais quand écouter s’accouple avec entendre, entendre avec comprendre, comprendre avec lire et  lire avec écrire,  la vie devient vraiment intéressante.

Vous me suivez ? Tout çà, c’est une histoire de couples égarés dans un conte de fées : il y faut un petit Poucet pour retrouver ses tartines et des fées en pagaille pour que l’histoire finisse bien.

A la fin de l’histoire, les couples se trouvent, s’aiment, sont heureux: il n’y en a plus que pour la réconciliation.

Et les enfants, me direz-vous ? Les enfants de ces couples-là sont faits de création. Pour moi, ils prirent la forme de l’encre et du papier : ils se déversèrent en guirlande de mots qui ordonnèrent le chaos ! Ne dit-on pas qu’il faut un certain chaos pour créer ? Même Paul McCartney le chante ! C’est vous dire qu’il n’y a aucun doute sur la réponse à fournir à la question !

Vous vous imaginez bien, après avoir lu ceci, que j’écris dans le silence et loin de ceux que j’aime. L’endroit, lui, varie en fonction des heures de la journée et de la nuit. Cuisine, salon, bureau, peu importe, pourvu que j’y sois seule avec les mots ! Musique avant, musique après, mais pas pendant : la musicalité est entièrement dédiée aux mots. Ils le méritent, ils me disent tous quelque chose que je ne savais pas que je savais, il faut bien que je me concentre pour les entendre !

C’est exactement comme pour ce texte, avant de le commencer, les questions ‘comment’, ‘pourquoi’, ‘quand’, ‘quels ingrédients’,’ à quelle température’, ‘combien de temps d’incubation’, etcétéra, me révulsaient, même si je m’étais déjà collée à l’exercice. Et voilà que ce texte nait et que je m’entends penser : ‘c’est ce que tu pouvais écrire de plus juste et au plus près, sur le thème de ton écriture, à l’instant où tu écris’. Tarabiscoté, dites-vous ? Peut-être, mais tellement vrai !

Les thèmes que j’aborde ? L’enfance, la nature, l’autre, moi, l’humain, les contes, les fables, tout ce qui fait vie…Il me faut ajouter que j’écris lentement sur ces thèmes que j’aime.

Les formes ? Poésie en formes fixes, poèmes en prose, nouvelles courtes, nouvelles longues, peu importe en fait, pour autant que la forme serve le fond.

Ah, chers amis, il faut tenir compte aussi que l’inspiration se nourrit. Je m’en voudrais du crime d’ingratitude envers tous les auteurs qui m’ont donné bonne nourriture ! Qu’ils soient ici remerciés !

Qu’ils soient connus ou inconnus, qu’ils soient poètes ou romanciers, qu’ils soient ipaginaires ou d’ateliers, qu’ils soient fantasques ou plein de sagesse, tous m’ont donné farine blanche et bien moulue !

Merci aussi à Firenz qui, pour ipaginablog, concocta cette contrainte : « Dessine-moi un auteur » ! Encourageant ainsi les auteurs d’iPagination à s’exprimer sur le sujet.

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Ecrire comme on fait du bon pain

 

 

A propos

"Quelques louches de fantaisie, une pincée d’humour, la vie ne me prend pas au sérieux, alors moi non plus ! Je plonge dans l’absurde, nage dans le loufoque, et accroche, aussi souvent que possible, des étoiles et des fleurs de poésie à mes jours, à mes nuits…" Curieuse des mots, Firenz' a fait des langues sa profession. Elle est rédactrice sur 'iPaginablog, et voix d'iPaginaSon, ainsi qu'auteure sur iPagination.

9 Comments on “S’il te plait, dessine-moi un auteur : Malayalam

  1. Très joli et généreux. .. comme du bon pain

    J’aime beaucoup ton poème d’introduction.

    Ensuite on entre dans ton univers riche de tes silences et des bruits et images de la vie.

    Une conclusion très sympathique et ouverte au partage.

    Bravo et merci Malayalam

  2. Je viens de découvrir le texte publié, Tippi! Le poème d’entrée fait partie d’un ensemble plus long, je le publierai un jour! Merci de ton commentaire chaleureux!

  3. Je t’imagine exactement ainsi, solitaire dans l’écriture, une foule de vécu et de sensations pour compagnie, solitaire mais jamais seule.

  4. Oui: écrire dans le silence, et loin de ceux qu’on aime. Les mots sortent alors sans être effrayés. Et les auteurs qui sont nos meuniers viennent de tous horizons et époques. Un aparté: Le mode technologique du clavier aide bien, MAIS il enlève presque totalement la belle notion de « brouillon d’écriture » conservé. Un peu triste? Ou non?

  5. Ecrire comme on fait du pain… quelle belle comparaison ! Et comme pour tes écrits, ils sont de toutes sortes comme ces bons pains qui embaument dans la boulangerie, mettent du baume dans les coeurs, ils te ressemblent !

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