Le Land Art : l’Art est dans la Nature (1)

Avez-vous déjà observé des enfants assembler des cailloux, des bouts de bois, dessiner sur le sable ? Ils éprouvent alors une joie intense, celle de l’artiste qui laisse sa créativité s’exprimer…et tant pis si les vagues ou la course du chien viennent effacer l’œuvre. Certes ils seront un peu dépités, mais ils recommenceront à assembler, tracer, écrire des histoires autrement… pour éprouver à nouveau ce plaisir de créer avec ce qu’ils ont sous la main. Ces artistes en herbe ne savent pas alors qu’ils « font » du Land Art.

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(Andrew van der Merwe http://www.syti.net/LandArt.html)

Bon, on sait que  les artistes sont des éternels enfants… mais plus précisément, qu’est-ce que le Land Art ?

Le  Land Art, aussi appelé Earth Works, est une expression artistique apparue dans les années 1960 aux Etats Unis. Il s’exprime à partir d’éléments trouvés dans la nature au sein de laquelle il s’expose… enfin s’exposait car comme toute forme d’expression les créations ont évolué et les lieux d’exposition se sont diversifiés. Nous verrons cela dans un autre article.

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(Photo de Paolo Redwings -https://www.flickr.com)

Le land Art, qui réunit des artistes aux visions parfois opposées, n’est pas, de ce fait, un mouvement artistique au sens traditionnel. Cependant, on reconnaît en chacun d’eux, ce même désir de retrouver une forme d’inspiration atavique qu’enrichissent les réflexions liées à l’évolution de la nature dans nos sociétés industrialisées.

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(auteur inconnu, photo de Linda Hartley-https://www.flickr.com)

Comment l’idée de créer des sculptures, des peintures, avec des éléments de la nature est-elle venue ?

 

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une nouvelle génération d’artistes s’est opposée – en réaction notamment au totalitarisme – à toute forme d’idéologie. Les « Beaux Arts » comme les autres formes d’expression ont manifesté ainsi leur volonté de se libérer d’une forme d’art traditionnelle et ont rejeté toute méthode basée sur le style, la forme et la technique. Les nouveaux créateurs faisaient alors l’éloge de la pureté artistique, de la libération de l’inconscient et de l’improvisation. Ils voulaient que le processus de réalisation demeure visible. C’est de cette mouvance artistique qu’est né le Land Art, mêlant concept et objet, nature et musée, éphémère et mémoire.

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(Photo de Raphaël Thiémard- https://www.flickr.com)

Le rôle du musée a aussi évolué  avec cette nouvelle conception de l’art et les œuvres ont investi d’autant plus facilement les lieux naturels, que les musées traditionnels rejetaient les nouveaux artistes. La nature est devenue alors œuvre et centre d’exposition. L’artiste y trouvait et y trouve encore son support, mais aussi sa matière première. Les pinceaux, la peinture sont remplacés par des cailloux, des bouts de bois, des amas de terre.

Malheureusement les réalisations de par leur caractère naturel sont soumises à la biodégradabilité et comme les constructions des enfants ou les châteaux de sable, elles finissent par disparaître.

Pff, alors, à quoi ça sert de créer ce qui est amené à disparaître ?

Ces œuvres exposées dans la nature disparaissent et ne peuvent être admirées par le plus grand nombre. C’est vrai… dans la nature. Mais il ne faut pas oublier que nous vivons à l’ère de l’image et de l’électronique. La photo et la vidéo sont nécessaires et indispensables aux artistes, adeptes du Land Art. Elles leur permettent de montrer, témoigner, perpétuer et …financer les projets.

Et c’est ainsi que l’œuvre retourne au musée que les artistes avaient fui.

Quel intérêt le spectateur peut-il trouver à voir des photos plutôt que l’œuvre ?

L’intérêt est dans la propre création du spectateur.

Il se dit, dans ce milieu artistique, que le spectateur prend une part active à l’interprétation de l’œuvre. Il est en effet amené à faire preuve d’imagination pour reconstituer et imaginer l’œuvre dans l’espace naturel… Mais n’en est-il pas de même en littérature ? Les écrivains peignent avec des mots, mais ce sont bien les lecteurs qui interprètent et font à leur tour oeuvre de création, une création confidentielle et intime, mais bien réelle.

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Nils Udo « Habitat » http://nl.wikipedia.org/wiki/Nils-Udo

Et tout est dit ?

Loin s’en faut. Un prochain article vous présentera les différentes facettes du Land Art : les œuvres éphémères et naturelles et les œuvres mêlant des éléments manufacturés à la nature.

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En raison de droits à l’image, il n’est pas possible de montrer des œuvres remarquables. Mais le lecteur qui souhaite découvrir plus avant cet art peut suivre les liens ci-dessous. 

 

A propos

A l’extérieur, il y a l’enseignante et l’auteure d’ouvrages pédagogiques. Ainsi dit, ce préambule ne fait pas rêver. Et pourtant, le rêve, la fantaisie sont bien apparus au sein du système éducatif. Si, si et merci les enfants ! La carapace fendillée, il n’y avait plus qu’à remplir de Musique, Peinture, Théâtre… et bien sûr de littérature ! De Perrault à Fred Vargas, de Platon à Markus Zusak, de Molière à Olivier Py, du grand Victor à Andrée Chédid…ils ont tous laissé une empreinte qui se permet de sortir de cette petite bonne femme sous forme de mots qui, elle l’espère, tintinnabuleront joyeusement aux oreilles des visiteurs de l’iPaginablog.

4 Comments on “Le Land Art : l’Art est dans la Nature (1)

  1. Merci Liliane pour cet article passionnant sur le Land Art. C’ est un art à la perception infiniment vaste et généreuse, qui comme tu le soulignes si justement, laisse l’imaginaire faire l’œuvre. Un regard différent qui me plait bien. J’attends la suite de l’article avec impatience !

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